Carburant durable SAF : où en est l’aviation en 2025 ?
Le carburant durable d’aviation, ou SAF (Sustainable Aviation Fuel), cristallise aujourd’hui les espoirs d’un secteur aérien en pleine transition. En 2025, malgré une production encore marginale, le SAF gagne du terrain : soutenu par une réglementation européenne ambitieuse, adopté progressivement par les compagnies aériennes et introduit dans les offres de l’aviation d’affaires. Mais le chemin vers une aviation plus verte reste semé d’obstacles.
Le SAF, pilier d’une aviation plus propre
Qu’est-ce que le carburant durable d’aviation ?
Le SAF est un carburant alternatif au kérosène fossile. Il peut être produit à partir de plusieurs sources : huiles usagées, déchets agricoles, résidus forestiers, ou par synthèse à partir de CO₂ capté et d’hydrogène renouvelable (eSAF). Il est compatible jusqu’à 50 % en mélange avec le carburant classique, sans modification des moteurs ou des infrastructures actuelles.
Un levier incontournable pour réduire les émissions
Sur son cycle de vie, le SAF permet de réduire les émissions de CO₂ de 60 à 90 %. C’est, à ce jour, la seule solution immédiatement déployable à l’échelle de la flotte existante. D’où l’intérêt qu’il suscite, aussi bien dans l’aviation commerciale que dans le secteur privé.
Un cadre réglementaire en place
Le règlement européen ReFuelEU Aviation, entré en vigueur en 2023, impose une part minimale de SAF dans les carburants : 2 % en 2025, 6 % en 2030, 20 % en 2035, avec un objectif de 70 % en 2050. Ce plan ambitieux veut forcer la transition énergétique du secteur tout en structurant une filière européenne de production.
Où en est le déploiement du SAF en 2025 ?
Une production encore très limitée
Malgré une dynamique positive, la production mondiale de SAF reste modeste : environ 1,9 million de tonnes en 2025, soit moins de 1 % de la consommation mondiale de carburant d’aviation.
| Année | Production SAF (monde) | Part du carburant aérien |
| 2023 | 1,0 million t | 0,2 % |
| 2024 | 1,95 million t | 0,5 % |
| 2025 | 1,9 million t | ~0,7 % |
L’Europe en première ligne
Le continent européen est aujourd’hui en avance, concentrant environ la moitié de la production mondiale. Des pays comme la France, les Pays-Bas ou l’Espagne développent activement des capacités industrielles. À titre d’exemple, l’entreprise espagnole Moeve a livré 18 000 m³ de SAF à Iberia et easyJet en 2024.
Un SAF déjà utilisé par les compagnies
Lufthansa, Air France-KLM, Finnair, ou encore SAS, ont intégré du SAF sur certains vols, notamment au départ de Paris, Amsterdam ou Stockholm. L’usage reste ponctuel, souvent lié à des projets pilotes ou à des surcharges volontaires payées par les passagers.
Produire du SAF : opportunités et contraintes
Des matières premières variées
Trois grandes filières coexistent :
- HEFA (à base d’huiles usagées ou graisses animales) : la plus mature technologiquement.
- FT-SPK (Fischer-Tropsch) : basée sur la gazéification de résidus organiques.
- eSAF (Power-to-Liquid) : transformation d’hydrogène renouvelable et de CO₂.
Des coûts encore très élevés
Le prix du SAF est 2 à 3 fois plus élevé que celui du kérosène classique. Ce différentiel freine son adoption massive, notamment chez les compagnies à bas coûts. Le développement d’une production de masse est indispensable pour faire baisser les prix.
Un déséquilibre offre-demande persistant
Les besoins estimés à l’échelle européenne pour 2030 s’élèvent à 3,1 millions de tonnes, tandis que la capacité projetée reste incertaine (entre 3,8 et 6,3 millions t). À l’échelle mondiale, la demande pourrait atteindre 40 millions de tonnes en 2035, contre 18 millions disponibles selon les prévisions.
Le SAF gagne du terrain dans l’aviation d’affaires
Des opérateurs qui s’engagent
Dans le secteur privé, des acteurs comme Jetex, Signature Flight Support, ou Avico, intègrent progressivement le SAF dans leurs services. Jetex a conclu un partenariat avec Shell Aviation pour proposer du SAF à ses clients via le système Book & Claim : un mécanisme de compensation indirecte qui permet de financer l’achat de SAF, même si l’aéroport ne le propose pas physiquement.
FBO et courtiers à l’initiative
Certains FBO en Europe (à Nice, Le Bourget ou Zurich) offrent désormais des options de ravitaillement partiel en SAF. Les courtiers en aviation d’affaires intègrent de plus en plus cette donnée dans leurs devis, notamment pour les clients corporate soucieux de leur bilan carbone.
Encore marginal, mais en progrès
Malgré ces initiatives, l’usage réel du SAF dans l’aviation d’affaires reste marginal. Le coût élevé et la rareté du carburant limitent encore son accessibilité. Mais le symbole est fort, et les demandes de vols “bas carbone” sont en nette augmentation depuis 2024.
Une aviation neutre en carbone : horizon réaliste ?
Des innovations à l’étude
Outre le SAF, d’autres technologies sont à l’étude pour verdir le transport aérien : avions à hydrogène, propulsion hybride, carburants synthétiques de 2e génération. Mais ces options ne seront viables qu’à l’horizon 2040–2050. En attendant, le SAF reste la seule solution opérationnelle à court terme.
Des freins à lever
La transition vers le carburant durable suppose :
- Une augmentation rapide des capacités de production.
- Des subventions ou incitations économiques pour combler l’écart de prix.
- Une meilleure transparence sur les filières (évitant les matières premières controversées comme l’huile de palme).
FAQ
Le SAF peut-il remplacer totalement le kérosène ?
Pas à court terme. En 2025, le SAF représente moins de 1 % du carburant utilisé. L’objectif est d’atteindre 70 % en 2050, mais cela nécessitera un mix de solutions (SAF, hydrogène, innovations moteurs).
Peut-on voler en jet privé avec du carburant durable ?
Oui, sur certains vols affrétés auprès d’opérateurs proposant du SAF ou via le système Book & Claim. Cela implique un surcoût, mais permet une compensation carbone crédible.
Quels sont les aéroports qui proposent du SAF ?
En 2025, le SAF est disponible, au moins en mélange, dans des hubs comme Paris-CDG, Amsterdam-Schiphol, Oslo, Londres Heathrow ou encore Zurich.
Le carburant durable SAF incarne aujourd’hui le principal levier de décarbonation de l’aviation. Malgré un usage encore limité en 2025, son intégration progresse : portée par des réglementations fortes, des engagements volontaires d’opérateurs, et une prise de conscience croissante des passagers. L’enjeu désormais : massifier la production pour rendre le SAF accessible à grande échelle.
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