Fier de travailler dans le transport aérien

17.01.2020

2019 restera certainement une année noire pour le transport aérien :

Pour un peu, la force du flygskam porté par une jeune demoiselle qui préfère le train et le bateau à l’avion nous ferait oublier les graves défaillances du 737 Max, de son constructeur et son autorité de certification, ainsi que la disparition de deux compagnies françaises chères à notre cœur, Aigle Azur et XL Airways.

Pour un peu, nous serions coupables de travailler dans le transport aérien, car cette activité dégage du gaz carbonique.

 

 

Coupables ? Non, mais pleinement responsables.

Il est désormais évident pour tous que notre planète est fragile, qu’il faut conjuguer une partie de notre développement à l’imparfait, et que le futur doit être pensé différemment. Faut-il pour autant interdire le transport aérien, ou le taxer jusqu’à l’écœurement ? Ce serait une effroyable négation de sa dynamique et de son histoire !

Les acteurs de la construction aéronautique et du transport aérien ont relevé des défis incroyables : Quel chemin parcouru entre les traversées héroïques de l’Atlantique par Lindbergh et Mermoz au même voyage que tout un chacun peut faire aujourd’hui en « simple appareil », simple comme un Airbus A321 !

Les avions ont atteint un niveau de sécurité et de fiabilité qu’on ne pouvait qu’à peine espérer il y a quelques décennies.

Pouvait-on en effet imaginer que l’avion soit aujourd’hui 20 fois plus sûr que l’automobile… et 150 fois plus sûr que le vélo ? Pouvait-on imaginer que l’avion soit si fiable qu’on indemnise de 600 euro un client qui a 3 heures de retard ? Pouvait-on espérer trouver un tarif en promotion pour aller de Paris à New York pour à peine plus de 300 dollars, soit le même premier prix que dans les années 1930 en gommant toute l’inflation ? Et du coup, pouvait-on espérer que les familles dispersées à travers le monde puissent se retrouver pour fêter Noël ensemble, que les hommes et les femmes de différentes cultures puissent se rencontrer régulièrement, se comprendre, dialoguer, et par là même limiter grandement les risques de conflit ?

 

L’écologie, le défi du siècle

Le transport aérien est aujourd’hui face à un énorme défi : il s’est engagé à diviser par 2 ses émissions de CO2 en 2050. Les technologies, les process qui permettront d’atteindre un objectif aussi ambitieux ne sont pas encore tous accessibles. Mais l’énergie de tous les acteurs de l’aérien, cette même énergie qui a participé au développement du réacteur, des avions gros porteurs, des réseaux hubs and spokes, des compagnies low costs, cette énergie qui a fait passer les coefficients de remplissage des avions de 50% à 90%, qui a divisé par 10 les nuisances sonores d’un Boeing 787 par rapport à celle d’un 707, qui a rendu le transport aérien aussi sûr, fiable et bon marché, cette énergie déployée par notre profession a aussi déjà divisé par plus de quatre la consommation carburant par passager en 60 ans, et donc d’autant ses émissions unitaires de CO2.

Ce nouveau défi écologique semble presque inaccessible, comme il semblait presque impossible à la NASA de tenir l’engagement du président Kennedy au début des années 60 d’atteindre la Lune avant la fin de la même décennie. Nous avons besoin de technologies de rupture, de penser différemment, de travailler mieux, de revoir nos façons de voyager pour espérer atteindre cet objectif essentiel à l’avenir de notre planète.

 

Du défi à la passion

Mais ce sont de tels défis qui définissent le mieux notre métier et le transforment en passion. Alors Oui, je suis fier de travailler dans le transport aérien. Fier jusqu’à présent, car notre industrie participe à donner du sens à la vie de millions de personnes, au développement économique, et je suis désormais plus fier encore car nous avons un nouveau challenge à relever, celui de voler sans remettre en cause le futur de nos enfants.

Les écologistes, les lanceurs d’alerte nous ont sensibilisés. A nous, à partir de ce constat, de tracer de nouvelles routes dans le ciel, plus droites encore, plus efficaces, pour diviser par deux les émissions de CO2, sans s’interdire pour autant de voyager en avion.

Car le monde est vraiment beau, surtout vu d’avion.

 

par Gilles Gompertz

Paru dans Air & Cosmos, janvier 2020

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