Peut-on gérer une crise comme celle provoquée par le Covid-19 ?

26.05.2020

Avec le confinement, le déconfinement, la fermeture et les espoirs de ré-ouverture des frontières, de nombreuses habitudes, ne nombreuses certitudes sont tombées, de nouvelles questions se posent : reviendra-t-on dans « l’ancien monde », allons-nous vers un monde plus vert, moins consumériste, plus solidaire (ou pas), pourrons-nous voyager bientôt, nos clients auront-ils l’envie et la confiance pour reprendre l’avion rapidement ?

A défaut de chercher des réponses à toutes ces questions, les équipes d’Avico ont répondu ces dernières semaines aux demandes pressantes suscitées par la quasi-disparition des vols réguliers.

En attendant la prochaine phase de cette crise, nous souhaitons partager avec vous cette expérience inédite, ou le foisonnement des vols réguliers a été remplacé par l’arrêt brutal de l’activité, et l’urgence des vols affrétés.

1ère étape : Le coup de bambou

Le ciel nous est tous tombé sur la tête en mars 2020. Très vite, nous avons tous sentis que cette crise était d’une violence rare.

Elle est depuis devenue unique dans toutes les annales : du Jamais Vu. Les conséquences immédiates pour un affréteur aérien tel qu’AVICO sont simples : report à une date improbable ou annulation de tous les vols programmés. Tous. Le coup est rude.

2ème étape : Pas de temps pour l’étourdissement

Alors que l’activité « traditionnelle » (affrètements entre compagnie aérienne, vols événementiels, vols corporate, séries de vols touristiques, tournées sportives et musicales,…) disparait et que notre horizon semble se limiter à la gestion des litiges futurs, le téléphone se remet à sonner : notre savoir-faire peut être mis à contribution pour répondre aux besoins critiques du moment.

Tout d’abord les rapatriements. Plusieurs centaines de milliers de citoyens français et européens, en vacances ou en mission à travers le monde doivent être rapatriés.

L’avion, souvent critiqué ces derniers mois, reste un vecteur indispensable pour rentrer chez soi. Mais l’affrètement devient un casse-tête logistique, avec des compagnies aériennes en service réduit, des procédures frontalières qui changent tous les jours, des circuits d’information obsolètes et des cellules de crise saturées.

Nos équipes, qui ont déjà eu l’occasion d’affréter plusieurs dizaines d’avion en parallèle pour répondre à des tensions dans les compagnies aériennes ont vite saisi le téléphone et le clavier pour jouer leur partition dans l’organisation de ces rapatriements, avec les services des Etats, l’implication des transporteurs et de tous les acteurs de terrain, mobilisés au service de la communauté.

Nous sommes avant tout fiers d’avoir pu contribuer à ces missions pour le compte d’Etats, de tour-opérateurs, d’entreprises, de particuliers et d’avoir affrété ou chargé du fret sur plusieurs compagnies françaises dont l’activité était à l’arrêt depuis le début du confinement telles qu’Air France, Air Austral, Air Corsica, Corsair, Amelia, ASL Airlines, Air St Pierre, Twinjet, Valljet.

Puis la tension sur le matériel médical, et l’import de masques chirurgicaux dans l’urgence.

Le besoin est critique, partout dans le monde. Le fret ne voyage plus dans les soutes des vols réguliers, la voie maritime ne sait répondre à ce niveau d’urgence, les Etats veulent bâtir des ponts aériens, tous les acteurs sont dans le besoin immédiat, les avions ‘tout cargo’ sont pris d’assaut dans cette logique de guerre sanitaire. Les équipes Avico apportent des solutions qui n’apparaissent pas d’ordinaire sur les radars : appareils russes, avions passagers dont les cabines sont rapidement ré-aménagés pour accueillir des cartons de masques chirurgicaux sur les sièges, rotations avec équipages renforcés, équipages doublés pour assurer des rotations courtes sur la Chine : les demandes des institutions, des entreprises sont aussi nombreuses que variées.

On glisse des petites charges sur des vols existant, on assure des correspondances entre des vols réguliers jusqu’à la Réunion et des vols spécialement affrétés pour desservir Mayotte, en profitant de ces opportunités pour transporter des soignants. Réactivité, agilité, imagination, travail collectif, activation de tous les contacts font le quotidien de cette activité sans précédent.

Par essence, la gestion de crise devrait avoir un caractère exceptionnel. Depuis deux mois, cet exceptionnel est devenu le quotidien.

Bouche à oreille d’une cellule de crise à l’autre, d’un industriel « dépanné » à un collègue encore « en misère », la demande ne tarit pas.

Ainsi, étonnamment, cette crise destructrice a aussi des effets positifs : l’affronter ensemble a renforcé les rapports de confiance avec les partenaires historiques de la société, et de nouveaux clients ont sollicité Avico pour résoudre leurs problèmes de transport, et ont trouvé ainsi une solution.

3ème étape : Et maintenant ?

Une fois encore, une crise est d’abord un révélateur : Ce qui fait la force et la valeur d’une société de service, ce sont les compétences et l’implication de ses équipes. La capacité de réaction d’Avico, son agilité sont indissociables des qualités professionnelles et humaines de ses acteurs.

L’efficacité repose également sur la relation avec les partenaires. Nul ne peut affronter les enjeux d’une telle crise seule, et ne peut obtenir des résultats qu’en travaillant en pleine confiance avec ses partenaires, clients, fournisseurs, autorités, sous-traitants des sous-traitants.

Il est clair également qu’une crise est un accélérateur de mutations, que nos métiers, les attentes de nos clients changent, et qu’il faut s’y adapter avec agilité, à défaut de pouvoir anticiper sur ce que tout ce que l’avenir nous réserve, qui sera dans tous les cas difficile, long et incertain.

Mais les fondamentaux restent… fondamentaux : l’écoute de nos clients, la confiance dans nos équipes, la solidarité avec l’ensemble des acteurs de notre profession.

Le tourisme, le transport aérien sont face à de nouveaux défis. Ils doivent avant tout traverser la pire crise économique depuis leur création. Tous les acteurs de nos métiers, de l’Etat aux acteurs de terrain, en passant par les compagnies aériennes et les gestionnaires d’aéroports, doivent faire preuve d’agilité, de réactivité et de souplesse, d’abord pour redonner dès cet été l’espoir, l’envie et la possibilité de reprendre le voyage.

Il faut aussi imaginer et mettre en œuvre rapidement les solutions sanitaires palliatives nécessaires pour relancer les vols sans que le transport aérien ne soit pas un facteur de propagation du virus.

Il faudra ensuite réfléchir une nouvelle fois, pour comprendre et prendre en compte les évolutions profondes de la société et de nos clients pour répondre à leurs attentes, avec intelligence et solidarité entre acteurs.

Non, on ne peut pas gérer une crise comme celle-ci. Avant tout, on la subit. Alors oublions encore un moment les théories de destruction créatrice de Schumpeter ou les cygnes noir de Taleb, pour en rester à une des plus belles citations de Buzz l’Eclair en ces moments difficiles : A défaut de voler, il faut savoir tomber avec élégance

Gilles Gompertz

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